En 2010, les premières élections libres de Guinée promettaient de donner à ce pays africain doté de riches ressources, la liberté qu’il mérite.
Mais la dictature sous l’ère Conté a cédé place à un nouveau gouvernement anti-démocratique: celui d’Alpha Condé.
Durant la période qui a précédé les élections de 2010, Condé a fait tout ce qu’il pouvait pour prendre le contrôle de la commission électorale de Guinée, la CENI – qui avait été mise sous le contrôle de son allié, maintenant en disgrâce, Lounceny Camara.
Ensemble, ils ont attribué le contrat de supervision de l’élection à la société sud-africaine Waymark Infotech. Waymark a été connectée à la fraude électorale commise au Cameroun et au Bénin. Cette société fut censurée par le gouvernement Sud-Africain pour des contrats qu’elle aurait prétendument incorrectement conclus. L’ONU l’a retiré de sa liste de fournisseur en 2008.
Mohamed Condé, le fils d’Alpha Condé, est apparemment un ancien employé Waymark.
Condé avait obtenu 18% des suffrages lors du premier tour des élections. Le leader de l’opposition Cellou Diallo avait obtenu un score d’environ 43% . La fraude commise par Camara a permis à Condé d’obtenir une victoire serrée dans l’élection. Camara, un partisan de longue date de Condé, a abandonné toute neutralité dans l’élection – et a depuis été inculpe et condamné pour fraude électorale pour son rôle dans la campagne pro-Condé et d’autres fraudes effectuées pendant les élections de 2010.
Alors que les élections furent retardées, Waymark est intervenu en remplacement d’une société française soutenue par l’ONU qui avait supervisée les élections jusque là. Sans surprise, les résultats du second tour ont donnés Diallo à 47%; et Condé vainqueur à 52%.
Mais les choses ne se sont pas arrêtées là. Des élections législatives devaient se tenir en 2010. Pendant deux ans, Condé a retardé les élections à plusieurs reprises afin de consolider son emprise sur le pouvoir. L’unique raison pour laquelle il avait annoncé une date en 2013 est attribuée à la présence d’un représentant de l’ONU qui était en visite en Guinée le lendemain. Pendant la période qui a précédé les élections de 2013, les manifestants sont à nouveau descendus dans les rues pour réclamer un vote transparent et sans corruption. Cinquante personnes ont été tuées lors de cette manifestation. Un accord a été négocié par l’ONU concernant la date de l’élection. Une partie de cet accord indiquée que les élections locales devraient se tenir avant la prochaine élection présidentielle. Voici une autre promesse concernant la démocratie qui n’a pas été respecté par Condé.
Pourquoi les élections locales sont si importantes? Parce que les mandats des maires – éléments clés du réseau politique de Condé – sont arrivés a échéance il y a 10 ans. Cela signifie que les responsables locaux – qui ne sont plus élus en raison de l’ajournement des élections par Condé – peuvent être nommés par le Président, conférant ainsi à Condé de vastes pouvoirs non démocratiques au delà d’une gouvernance locale.
Mais la machine électorale de Condé n’est pas en reste. Plus tôt cette année, il a annoncé que l’élection présidentielle aurait lieu en Octobre. Les élections locales ne se sont toujours pas vues attribuer une date ou une quelconque planification. Des manifestations nationales se sont déroulées en réaction aux retards répétés – quatre personnes ont été tuées.
« Cependant, tous les bénéfices issus de la promotion de l’État de droit et du développement risquent d’être effacés par les élections présidentielles de 2015, susceptibles de déclencher d’importants troubles et des exactions cautionnées par l’État » – Human Rights Watch
Condé a maintenant assez de temps pour consolider sa position au niveau local et de faire des promesses à des fonctionnaires locaux en échange de leur soutien en Octobre. Cet empilement délibéré a provoqué un certain émoi au sein de la communauté internationale.
« Compte tenu de l’importance des autorités locales dans l’organisation des élections, leur remplacement controversé par des administrateurs nommés par le gouvernement, et la nécessité de promouvoir la confiance, les élections locales devraient être tenu d’un minimum de trois mois et un maximum de six mois avant les élections présidentielles » – International Crisis Group
Condé est un homme politique dont le pouvoir est de moins en moins contrôlé, étant donné que ces actions ne sont pas celles d’un démocrate, mais plutôt – comme les organisations internationales l’ont reconnu tardivement – les actions de quelqu’un dont l’intention est la consolidation d’une emprise sur le pouvoir par tous les moyens possibles, y compris la violence.
Lentement mais sûrement, la Guinée est en train de repasser dans la main d’un dictateur. Elle a simplement évolué de Conté à Condé.
Source : shadesofconde.org